Les mots d'Alain

Recueil de poèmes…

Mois : juillet, 2019

les yeux ouverts

Les yeux ouverts

Les yeux ouverts sur le silence, tu contemples ta vie passée. Tu ne sais plus à quelle branche tu peux encore te raccrocher…

Pas celle de tes amours fanées comme les fleurs du laurier rose que la pluie a décapitées.

Non plus celle d’une course effrénée pour se rapprocher du soleil, en franchissant des terres brûlées jusqu’à l’oasis espérée…

Tu n’envisages pas de dernière valse puisque tu ne sais pas danser.

Seulement le parcours martial d’un samouraï désabusé dont le katana émoussé ne tranche plus que les mensonges pour découvrir la vérité…

Celle que nul ne t’as apprise lorsque tu étais dans l’enfance, cloîtré, sans fin, entre les murs de leur indifférence.

La vie s’est écoulée comme un rêve, à travers des écrans de fumée et parfois, quand le jour s’achève, on ne sait plus sur quoi pleurer…

Bien sûr, demeurent les chants d’oiseaux, le vent qui courbe les roseaux, la salicaire, le laurier rose et les chemins inexplorés.

Au fond de soi la petite bougie qui luit et éclaire encore votre vie.

Simplement découvrir son cœur lorsque l’aurore se dessine au-delà de la jalousie.

La marche, toujours fidèle, qui vous fait avancer, malgré tous les obstacles naturels qui se présentent devant vous…

Un rayon de soleil qui éclaire les cheveux blonds d’une marcheuse qui chemine à côté de vous et son sourire qui s’illumine quand vous lui susurrez des mots doux…

Vous partirez vers la montagne, jusqu’au sommet, d’un pas léger et sans doute, près de la cime, elle acceptera, très câline, de devenir votre compagne…

Et lorsque la nuit tombera, vous regarderez les étoiles, main dans la main, cœurs en émoi, comme si c’était la première fois…

( blog : lesmotsdalain.wordpress.com )

Deux papillons roux

Deux papillons roux

Deux papillons roux aux ailes ocellées se sont posés sur le mûrier.

Les mirabelles, déjà mûres, éparpillées sur le sentier, attendent la main prédatrice d’un marcheur goûteur de délices, ceux de leur jus sucré et de leur chair veloutée comme celle de ma promise, qui n’existe que dans mes pensées…

Les mûres sont encore vertes, telles les amours enfantines qui ignorent encore tout de la vie, de ses labyrinthes subtils et ses voies sombres où meurt l’envie.

Extinction des feux de l’amour avant que la nuit s’éveille…

La sortie est au fond de l’espace, en expansion comme on le sait. A l’opposé, les sentiments s’étiolent jusqu’à ce que le temps les efface puis les entasse dans le grand sac des regrets.

Un jour, ou une nuit peut-être, avec la lune aux aguets, on se retrouve face à face avec son plausible reflet près d’une mare où les crapauds coassent leur interminable couplet.

Pas de grenouille ni de princesse dont on caresserait la joue. La falaise sous les assauts de l’océan s’affaisse et notre reflet disparaît quand l’ultime bougie du désir a cessé d’éclairer nos vies…

Le chêne seul et son écorce, sous laquelle frémit l’aubier, acceptera notre accolade au début d’une journée fade et nous redonnera l’envie de parcourir à nouveau la prairie, où souvent les jeunes amants se prélassent sur l’herbe fraîchement fauchée ; près d’eux, comme en embuscade, les reflets de leurs insomnies…

Un jour, presque à l’aube peut-être, on fait le bilan de sa vie. Le temps qui reste seul compte, comme sur l’échiquier dégarni les dernières pièces qui s’affrontent jusqu’à la fin de la partie.

Dans la vraie vie, ce sont les émotions qui s’expriment entre le plaisir et l’ennui.

La fourmi, elle aussi s’arque boute avant de regagner son nid avec sa provende du jour, en traversant des précipices d’au moins cinq centimètres et demi, se posant la question rituelle :
«  C’est quand la saison des amours ? »

Toujours des chemins s’offrent à nous, même si on est seul à les aimer et toujours quelques cimes à gravir sur les montagnes ou dans les livres pour s’approcher de l’infini…

( blog : lesmotsdalain.wordpress.com )